2012 - 2013
Digigraphies, papier Hahnemühle sur Dibond et châssis, 120 x 68 cm

Le Tour du monde en instantané regroupe différentes séries de photographies opérant une objectivation du paysage sur un axe donné du globe terrestre (méridien ou parallèle). Chaque image est le fruit de la fusion de centaines de captures prises tout autour de la terre selon un protocole précis. Sortes d’image moyenne de tous les paysages possibles pour chaque axe, elles donnent à voir une persistance rétinienne d’un monde dont on aurait pu faire le tour le temps d’un clin d’œil.
Si cette démarche s’avère impossible à réaliser concrètement, elle est rendue possible par un déplacement de la prise de vue au sein de Google Earth, logiciel de cartographie ultra-réaliste constitué de photographies satellitaires. Le Tour du monde en instantané s’inscrit en effet dans une pratique élargie de la photographie, qui ne serait plus réservée au seul enregistrement mécanique du réel, mais ouverte à la réappropriation et aux univers virtuels comme le défend Clément Chéroux. Ces images sont ainsi issues d’un double-traitement, ou plutôt d’une double-synthèse : la mise en volume de photographies en fonction de la topographie des lieux représentés par Google Earth d’une part ; et d’autre part un enregistrement au temps de pause correspondant à un tour complet de la terre défilant devant l’objectif/écran. Cette abstractisation par le mouvement s’applique jusqu’aux éléments de légende du logiciel, occasionnant la disparition des données variables telles que l’altitude ou les positions géographiques, pour ne plus laisser apparaître que son logo et une règle sans mesure devenue asignifiante.
Leur rendu pictural imprimé par dépôt de pigments en fait des objets hybrides à la nature incertaine. Libérant Google Earth de ses fonctions localisantes et figuratives, ces Tours du monde, à la fois abstraits et proches du réel, nous éloignent de la synthèse logicielle au profit d’une expérience méditative.